Discussion avec les développeurs Nintendo eShop : Curve Studios parle de Stealth Inc 2: A Game of Clones

Nintendo of Europe : Pourriez-vous vous présenter et indiquer votre rôle au sein de l'équipe ?

Rob Clarke : Je m'appelle Rob Clarke. Je travaille au sein de Curve Studios depuis 2 ans et je suis le responsable du marketing et des relations publiques.

Sam Robinson : Je m'appelle Sam Robinson. Je suis le responsable de la conception des niveaux sur Stealth Inc 2. Je me charge également des effets sonores et de la direction musicale.

NoE : Pourriez-vous décrire rapidement ce qu'est Stealth Inc 2 à quelqu'un qui n'en a jamais entendu parler ?

RC : Pour commencer, il faut reconnaître que dans Stealth Inc 2, il y a un "2" à la fin et cela risque d'embrouiller pas mal de monde : "Oh, c'est la suite d'un jeu auquel je n'ai jamais joué." En fait, il s'agit d'une véritable recréation du premier jeu.

SR : C'est un jeu de plateforme, d'énigmes et d'infiltration. Vous êtes un clone "né" dans un des laboratoires de PTI Resolutions, une énorme entreprise chargée de tester les jouets pour enfants. Cela paraît mignon et gentil, car les jouets qu'ils fabriquent sont destinés aux enfants, mais la façon dont ils testent ces jouets est vraiment écœurante et perverse. Ils créent des clones hors de prix pour se charger des essais.

RC : Nous sommes de grands fans de jeux d'infiltration dans le genre des Metal Gear Solid au cours desquels vous pouvez vous cacher dans une ombre que vous avez passé 10 minutes à créer. Vous suivez les gens sans faire aucun bruit et tout à coup quelqu'un se retourne et vous vous dites : "Ah." Vous passez alors les 5 minutes suivantes à trouver un endroit où vous cacher, en entendant des alarmes de partout, et vous vous sentez bête. On voulait simplement se débarrasser de cette partie. Donc, à l'instant où vous êtes découvert, un laser vous frappe de plein fouet ou un ennemi vous tire dessus et vous explosez.

NoE : Impossible de s'enfuir !

RC : Exactement. D'où l'intérêt d'être un clone. Vous revenez aussitôt. L'autre principe du jeu est qu'effectivement, il faut être furtif, et effectivement vous mourez si vous ne faites pas attention, mais vous revenez aussitôt dans la partie. Je crois qu'il faut à peine une demi-seconde avant de pouvoir vous déplacer à nouveau. Vous n'êtes donc jamais qu'à une petite partie de puzzle de la fin.

SR : Dans le jeu précédent, il s'agissait d'une progression linéaire de salle d'essai en salle d'essai. Niveau 1, niveau 2, niveau 3... Etc. jusqu'au niveau 80. On a remarqué que le joueur avait du mal à arriver au bout, car c'est très répétitif. À chaque niveau correspondait une énigme et c'était épuisant. On se lassait ! Cela devenait fatigant et on avait tendance à se lasser. Ce n'était bien entendu pas notre intention. Ce n'est pas ce que nous souhaitons au joueur. Nous avons donc ajouté cette partie d'exploration pour souffler un peu. On a beaucoup moins de mal à découvrir ce monde et c'est beaucoup moins pénible pour le joueur.

NoE : Vous avez donc une plus grande liberté.

RC : Oui, on a une plus grande liberté. Tout se fait par tâtonnements, et les énigmes sont assez difficiles. Les salles d'essai à proprement parler sont résolues de 1 à 3 minutes, si vous savez ce que vous faites. Dans le cas contraire, autrement dit, dans mon cas, vous êtes bon pour une 20aine de minutes !

SR : C'est bien plus drôle maintenant. Vous explorez à votre rythme et vous faites ce que vous voulez. Il n'y a aucune pression. Effectivement, tout est ouvert. Il y a beaucoup plus d'exploration et à mesure que le jeu progresse, vous déverrouillez de nouveaux gadgets et de nouveaux jouets. Il y a dans le jeu une gamme complète de jouets que la société teste. Chaque fois que vous terminez un chapitre, vous déverrouillez un nouveau gadget, ce qui vous donne une plus grande liberté et vous permet d'explorer le monde. Tous ces gadgets vous permettent d'être plus libre, et vous revisitez régulièrement des zones afin d'ouvrir de nouveaux passages.

NoE : D'où cette idée des gadgets vous est-elle venue ?

SR : Au départ, nous voulions créer de nouveaux gadgets furtifs. Nous proposions donc nos idées. Il s'agissait de trucs que vous aviez déjà tous vus dans les jeux d'infiltration habituels : des grappins, des combinaisons de camouflage, ce genre de trucs… Nous nous sommes dit que ça faisait trop cliché et nous avons décidé de nous en éloigner. Nous avons mis toutes ces idées à la poubelle et nous avons imaginé des jouets que vous n'avez sûrement jamais vus ailleurs.

Chaque objet que nous créons dans le jeu offre plusieurs mécanismes de jeu. Il a au moins deux utilisations différentes, et c'est comme ça que nous obtenons des énigmes intéressantes. Nous faisons tourner le joueur en bourrique et il doit se creuser la tête pour découvrir toutes les utilisations de ces gadgets.

NoE : Comment qualifieriez-vous le niveau de difficulté du jeu dans ce cas ? Est-il abordable aussi bien aux nouveaux joueurs qu'à ceux qui ont peut-être déjà joué au jeu précédent ?

SR : Je dirais que Stealth Inc 2 est bien plus simple que le jeu précédent et je le recommanderais pour débuter. Cela paraît étrange, mais cette suite résout une série de problèmes qui se posaient dans le premier en termes de difficulté.

RC : Tout commence très lentement, et le premier niveau… Disons que ça commence doucement. Au cours du premier niveau, vous devez échapper à une bonne série de murs mobiles, ce genre d'obstacles ! Tout est très facile. En gros, vous allez à gauche et à droite et vous sautez. Le jeu prend de l'ampleur au fur et à mesure que de nouveaux éléments de décor apparaissent.

Le clone n'apprend pas de nouveaux mouvements. Il reste tel quel. C'est le nombre d'éléments qui augmente. Nous avons fait notre maximum pour que le rythme de jeu soit logique. Au cours des premiers niveaux, vous évitez les caméras. Vous récupérez alors le premier élément de décor, puis un deuxième quelques heures plus tard. Vous avez donc le temps de vous y habituer.

NoE : Stealth Inc 2 a été conçu exclusivement pour la Wii U. Comment le jeu tire-t-il parti de la console ?

RC : Nous avions déjà pas mal travaillé avec Nintendo pour la série Hydroventure. Nous connaissions donc le matériel Nintendo, mais nous n'avions jamais travaillé sur la Wii U. Les premières questions qui viennent à l'esprit quand vous récupérez une nouvelle console sont : "Comment on va s'en servir ? Est-ce que ça paraît logique ? Est-ce que les gens vont s'amuser ?" Dans le cas de la Wii U, on se retrouve avec le Wii U GamePad et c'est la manière la plus naturelle de jouer. Vous pouvez aussi jouer sans la télévision, mais le jeu entier peut se dérouler en coopération avec le GamePad.

SR : Exactement. En coop, un joueur se sert de la télécommande Wii et du Nunchuk ou d'une manette Wii U Pro, tandis que l'autre prend le Wii U GamePad. Le 2e joueur dispose d'une série de gadgets dont il peut se servir pour protéger son équipier, une antilumière par exemple qui fait le contraire de ce qu'une lampe fait et crée une zone d'ombre autour du joueur. Il peut dessiner sur l'écran comme sur un tableau blanc et diriger le joueur. Il doit aider le joueur à pirater des terminaux. Vous devez prendre le contrôle d'un terminal pour arriver à la sortie. On partage donc entre deux joueurs la responsabilité qui incombe d'habitude à un seul. Il y a plein d'avantages à jouer en coop et de défis à relever dans ce cas. Le joueur principal peut pirater ses ennemis en se servant d'un gadget appelé le Jackboy. Le 2e joueur prend ensuite le contrôle de l'ennemi en question. C'est très drôle, car les robots ennemis peuvent être assez dangereux, et tout peut très mal se terminer si votre équipier fait n'importe quoi.

RC : Une des toutes premières choses que nous avons fait était de vous permettre de dessiner sur l'écran du GamePad, car nous avons observé les gens jouer aux jeux d'énigmes et nous nous sommes aperçus que même les jeux d'énigmes en solo deviennent coopératifs. Tout le monde a tendance à s'asseoir à côté de celui qui joue et de lui dire : "Va par là. Essaie ça. Tu fais quoi ?" Dans Stealth Inc 2, vous pouvez dessiner instantanément un cercle et une grande flèche sur le GamePad et dire : "C'est là !" C'est vraiment tout simple, mais ça change complètement la dynamique du jeu en coopération.

NoE : Le 2e joueur fait partie intégrante du jeu.

RC : Vous entrez vraiment dans le jeu. À mesure que vous entrez dans le jeu, le joueur en coop devient de plus en plus important. Il y a un gadget que vous pouvez déverrouiller dans le jeu et qui permet au joueur principal de créer un clone de son clone. Vous avez alors deux clones, et le joueur tenant le GamePad peut alors prendre le contrôle de ce clone et poursuivre la partie. Vous disposez d'un équipement différent et tout cet équipement est utilisable par ce 2e joueur.

NoE : Autrement dit, ce sont deux expériences de jeu que vous vivez selon que vous êtes seul ou avec un équipier.

RC : On a regardé nos collègues jouer en solo et en coop. Tout est très différent si vous jouez comme ça dès le départ. Vous avez vraiment l'impression de jouer sans pour autant avoir un 2e joueur sur le dos en permanence. C'est comme ça qu'il faut jouer en coop, mais ça ne marche pas avec un jeu d'énigmes et de plateforme.

NoE : Cela a dû représenter un sacré défi de concevoir un jeu à la fois solo et coop.

SR : Oui, un vrai défi. Nous avons beaucoup tâtonné pour voir ce qui était possible. Quand vous créez un autre clone, vous les commandez avec le même stick et ils font donc les mêmes mouvements. En mode coop, vous les contrôlez indépendamment l'un de l'autre. On avait peur que ça ruine toutes les énigmes que nous avions conçues. Eh bien non, ça marchait ! On a pas mal marché à l'aveugle pour que tout fonctionne.

NoE : Est-ce que ce jeu est intégré à Miiverse d'une manière ou d'une autre ?

SR : Oui. Les joueurs peuvent laisser des indices, des astuces et des trucs sur les niveaux. Ainsi, si vous vous attaquez à une énigme compliquée, quelqu'un aura peut-être laissé un indice sur Miiverse expliquant comment faire ou commenter une blague que nous aurons laissée, ce genre de choses. Ce sont les petites icônes lumineuses qui s'affichent dans les différents niveaux. Vous pouvez choisir de les lire, mais vous devrez vous creuser la tête si vous n'y touchez pas.

RC : Il y a également un éditeur de niveaux complet à 100 %. Autrement dit, vous disposez des mêmes outils et des mêmes concepts de création que les concepteurs du jeu. Il est très facile à utiliser. Les commandes sont vraiment simples. Vous déplacez les éléments et posez les objets à l'aide du GamePad. Ensuite, vous pouvez aussi télécharger vos niveaux sur les serveurs et vous pouvez télécharger les autres. Tous les niveaux sont accessibles à tous et seront toujours disponibles dans le jeu. C'est un très bon moyen d'allonger la durée de vie du jeu. Nous avons déjà proposé des éditeurs de niveaux dans nos jeux précédents. On s'est parfois retrouvé avec 400 ou 500 niveaux, et certains étaient meilleurs que les nôtres ! En fait, nous avons embauché un concepteur de niveaux après avoir vu ce qu'il avait fait avec l'éditeur de niveaux d'un de nos jeux précédents.

SR : C'est bizarre. C'est simple de faire un niveau difficile, mais réaliser les niveaux faciles, surtout au début du jeu, et créer une progression dans la difficulté est vraiment dur. Tout est dans la communication visuelle. Il faut aussi approcher le joueur, tout lui apprendre et s'assurer qu'il a vraiment appris ce que vous voulez lui apprendre afin qu'il puisse continuer et progresser. Il y aura donc des tonnes de niveaux difficiles dans les cartes de la communauté !

NoE : Merci à tous les deux de nous avoir consacré un peu de temps !

Stealth Inc 2: A Game of Clones est déjà disponible sur le Nintendo eShop, exclusivement sur Wii U.